Toujours en quête de nouvelles terres d’exploration, le Miam met en lumière des artistes qui sortent des carcans habituels en matière de handicap.
À l’orée de ses 20 ans d’existence, le musée accueille Fictions Modestes & Réalités Augmentées, du 17 février au 18 septembre 2022.
Cette exposition tintée d’un anticonformisme assumé présente des œuvres issues de l’atelier Grand S, un laboratoire artistique venu de l’Ardenne belge.
Cette structure défend un art exigeant, en mêlant les créations d’artistes porteurs d’un handicap mental, à celles d’artistes ordinaires.
Des ateliers sont proposés par des animateurs, tout détenteurs d’une formation dans le domaine de l’art, afin de déployer leurs savoirs et compétences techniques, ainsi que leur sensibilité artistique.
Un échange enrichissant donnant lieu à des œuvres hybrides, à mi-chemin entre art brut et contemporain.
“L’atelier se situe dans une position un peu décalée, car nous ne voulons pas être dans la charité ou dans la pitié vis-à-vis du handicap : ce n’est pas parce que nous travaillons avec des adultes déficients, que nous nous limitons dans la pratique, en se cantonnant à des choses simples, ou mièvres”, précise Anne-Françoise Rouche, commissaire d’exposition.
“S’ils veulent évoquer des sujets durs, ou tabous, nous leur laissons une complète liberté de ton et d’action”.
Cette émancipation et cette spontanéité se traduisent dans les œuvres présentées, toutes très éclectiques : “Nous voulions montrer le champ des possibles, et prouver que le travail avec des handicapés pouvait aussi s’étendre à toutes les formes d’expression”, souligne précise Anne-Françoise Rouche.
Partant de la bande dessinée vers des supports moins attendus, tels que la vidéo, la photographie l’installation, la performance ou encore les arts numériques, l’atelier Grand S fait la part belle aux explorations.
“Nous sommes allés vers le numérique sur la demande de nos jeunes, qui sont très connectés, et nous avons trouvé intéressant d’explorer ce nouveau mode de création. Un dévellopeur web et une personne spécialisée dans les films d’animation sont afférées à un atelier pour aider à la conception”.
La politique de mixité de l’atelier grand S permet un mode d’échange sain, dans lequel artiste déficient et ordinaire sont sur un pied d’égalité, et non dans une relation de sachant et d’apprenant. Ils se transmettent leurs idées, et y puisent réciproquement de l’inspiration.
“La plupart du temps, les personnes avec un handicap mental fréquentent uniquement leur famille, ou du personnel soignant.
Ils n’existent qu’à travers leur maladie. Quand ils rencontrent d’autres artistes et des gens du monde de la culture, on parle en priorité de leur compétence, et cela influe beaucoup sur leur image personnelle.
Les artistes contemporains eux-mêmes s’en trouve transformés dans leur art : suite à leur collaboration avec des personnes handicapées, il y a un avant et un après, car leur vision artistique évolue”.
Au fil du leur collaboration, il n’est pas rare que les artistes deviennent amis, s’échange des blagues et des boutades dans un esprit d’auto-dérision caractéristique de “la belgitude”, selon AnneFrançoise Rouche.
C’est grâce à cette mentalité rebelle que l’atelier S a pu innover, et grandir : “On est en permanente interrogation sur nos pratiques.
Il a 15 ans, travailler des narrations graphiques avec des handicapés était une chose inédite : on nous prétendait que ce n’était pas possible, car inaccessible, ou trop intellectuel, mais nous avons refuser de cadenasser nos pratiques”.
Grâce à cette réflexion hors norme, l’atelier aura donc réussi son pari. Celui de rendre l’art contemporain, parfois perçu comme élitiste ou obscur, accessible a tous au travers d’expérimentations de toute sorte.
Source et Photos : Ville de Sète & Pierre Schwartz
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